vendredi 7 janvier 2022

Les services postaux

De juin à août-septembre 1940[1], les prisonniers de guerre en Allemagne sont restés sans nouvelle de leurs proches. L’attente fût longue. Les premiers courriers arrivèrent dans la deuxième quinzaine d’août, mais cela ne concernait qu’un petit nombre de privilégiés. Jean RICHEZ (23436) se rappelle : « Avec quelle impatience mêlée d’anxiété n’attendions-nous pas notre première lettre ! Cent regards interrogateurs chargés de la même question assaillaient les quelques camarades postiers, chaque jour à leur retour du travail. Mais pendant deux longs mois notre attente fut vaine ; la déception de la veille préparait celle du lendemain ». Quelques courriers arrivèrent début septembre mais les services postaux ne fonctionnèrent réellement qu’à la fin du mois. Le format des courriers en 1940 était assez libre : « Nous en vîmes passer ici des plus fantaisistes : depuis la grande enveloppe commerciale sobre et dactylographiée jusqu’à la feuille de cahier quadrillée uniquement pliée en quatre et portant sur l’un des côtés une adresse qu’il fallait souvent deviner, sans oublier l’élégante enveloppe gaufrée mauve, bleue ou rose, quelquefois jaune aussi (ceci dit sans intention) apportant leparfum préféré de celle qui attend là-bas. Ce libre choix des formulaires était pour nous la source d’un abondant courrier ». Mais l’abondance du courrier, sans limite de qualité ou de quantité, donnait à la censure un travail considérable qui s’accentuait d’autant que de plus en plus de prisonniers étaient transférés en Allemagne, de la France mais aussi d’autres pays. C’est ainsi qu’à la fin 1940, l’Administration Postale a imposé aux prisonniers l’utilisation de formulaires réglementaires uniformes munis d’une fiche-réponse : des cartes de 7 lignes et des lettres de 25 lignes. Les envois sont francs de port comme le mentionne l’inscription « Gebührenfrei ! » au bas des correspondances. Avec ce système, les prisonniers ne pouvaient recevoir tout au plus, qu’un courrier égal à celui envoyé en France. Les limitations mensuelles étaient de 2 lettres et 4 cartes par prisonnier de guerre. Concernant les colis, le prisonnier devait envoyer une étiquette-colis pour pouvoir en recevoir. Les limitations étaient d’un colis de 5kg tous les deux mois et un colis de 1kg chaque mois. A noter que pour écrire, les prisonniers n’avaient accès qu’à des crayons gris – et pas de stylo – pour éviter la confection de faux papiers.

Le fonctionnement de la poste des courriers[2]

La poste des courriers (la Briefpost) se situe à Hohnstein. Elle regroupe une quarantaine de français/belges et une trentaine de polonais sous l’autorité de l’Homme de Confiance du Stalag et sous la surveillance stricte des allemands : l’Hauptmann HEHENSTRAIT (capitaine), l’Oberleutnant HERMANN (lieutenant) et l’Oberfeldwebel JÄHNE (adjudant‑chef). Les prisonniers postiers ne traitent ici que les lettres, cartes et journaux.

Départ

Le départ du courrier – des Kommandos vers la France – commence par une séparation des lettres et cartes par l’équipe de la Briefpost. Elles sont ensuite transmises au Service de Triage qui classe le courrier par régions et des prisonniers spécialistes en géographie – qui connaissent par cœur l’ensemble des villes de part et d’autre de la ligne de démarcation – effectuent un timbrage des courriers « zone occupée » / « zone non occupée ».       

En 1941, on voit apparaître des cartes et lettres avec des cases « territoire occupé / territoire non occupé » à griser qui simplifieront le travail du tri. Il semblerait qu’en 1944, la mention de « territoire non occupé » soit remplacée par celle de « France Méridionale ».    

Les étapes précédentes sont assez rapides avec un débit, lors les périodes les plus intenses, de 12000-13000 courriers triés en 24h. Quelques lettres mettront plus de temps, certains prisonniers étourdis oublieront d’écrire la région, la ville, voire même le destinataire ; dans d’autres cas, ils oublieront d’annoter la fiche-réponse destinée à la famille avec leur nom-prénom-matricule. Toutes ces erreurs sont traitées par le Service des Erreurs où des prisonniers tentent de compléter les informations manquantes. Les liasses de courrier classé et corrigé sont ensuite remis à la Censure Allemande qui censure le courrier ou le valide avec un tampon « vérifié » (les numéros associés ne semblent définir qu’un censeur ou un bureau de censure).

L’étape de censure est la plus lente, elle peut prendre plusieurs jours. Elle est d’autant plus lente que certains courriers nécessitent un vrai décryptage : lettres mal formées, écriture phonétique, ... Les courriers sont ensuite remis au Service de l’Expédition qui forme des ballots en fonction de la France Occupée, de la France Non Occupée ou de l’Etranger et expédié par voie ferrée aux familles.

« C’est ainsi que presque chaque jour, nos pensées, nos désirs, nos vœux, un peu de nous-mêmes, s’en vont rassurer, réconforter, quelquefois aussi désillusionner ceux qui là-bas nous conservent leur chaude affection ».

Arrivée

Les familles déchirent ensuite le Rückkanvortbrief (la fiche-réponse) pour répondre au prisonnier puis la renvoient au Stalag. Après 8 à 10 jours de trains, les courriers arrivent à la Briefpost d’Hohnstein. Les courriers sont pré-classés en lettres, cartes et journaux, comptés ; la censure allemande procède au timbrage des courriers et transmet les liasses au Service Destination. Ce service est en charge d’inscrire le Kommando du prisonnier destinataire. Le prisonnier lui-même n’avait pas le droit d’inscrire le lieu ou le numéro du Kommando au départ du courrier, la famille expéditrice non plus.

    

Le Service Destination détient un exemplaire des livres de contrôle listant tous les prisonniers du Stalag et leur affectation dans les Kommandos. Chaque livre contient un millier de numéro de prisonniers et est mis à jour régulièrement par le Service des Mutations. Les numéros de Kommandos apposés, le Service de l’Expédition trie le courrier dans des cases en fonction des Districts ou des Kommandos. Les courriers de chaque Kommando sont mis sous enveloppes et le Service Distribution prend le relai. J’avais pu lire que l’Homme de Confiance du Stalag s’occupait de la distribution à Hohnstein, que Raymond LAPARRA, Homme de Confiance du District de Löbau, s’occupait de la distribution dans son district et que les autres districts du Stalag IV-A étaient pris en charge directement par des officiers allemands.

Comme pour le départ, le Service des Erreurs corrige les noms mal orthographiés, les matricules oubliés, mal écrits, erronés des prisonniers, ce qui engendrait du retard. Il arrivait également assez souvent, que le courrier d’un prisonnier arrive après son départ du Kommando pour un autre lieu. Le courrier repartait donc pour Hohnstein afin que le Service des Mutations mette à jour la nouvelle affectation sur le courrier à partir des livres de contrôle les plus à jour.

 

Enfin, dans les dernières causes de retard, il arrivait « que du courrier ayant pris en France une mauvaise direction va se payer un petit voyage dans un Stalag étranger ».

Le fonctionnement de la poste des colis

La poste des colis (la Paketpost) se situe à Prossen – Bad Schandau à 9km d’Hohnstein. Elle regroupe une trentaine de prisonniers français, belges et polonais[3] dans une baraque spécialisée desservie par une ligne de chemin de fer annexe[4]. Ce service a été délocalisé car il était compliqué techniquement, de faire venir tous les paquets au château d’Hohnstein. L’Homme de Confiance du Stalag délègue ses pouvoirs à un Homme de Confiance des Paquets[5] (Henri MARTIN, matricule 29298) car il ne peut se déplacer lui-même à la Paketpost pour contrôler le flux des colis. Ce-dernier, abusant de son pouvoir, sera remplacé par la suite.

Départ

Pour les colis, les départs vers la France étaient rares et ne représentait qu’environ 400 colis mensuels. N’ayant pas plus d’informations à ce sujet, je n’en dirais pas plus.

Arrivée

Les colis arrivent de deux provenances : la gare de Paris–La Chapelle pour la zone occupée, de Lyon–Vaise pour la zone libre ou de l’étranger. Ceux :

  •  de la zone occupée sont triés par Stalag à Paris et sont acheminés via wagons complets plombés sur 6 à 10 jours jusqu’à la gare de Prossen.
  • de la zone non-occupée sont triés par régions à Lyon et sont acheminés isolément par les chemins de fer allemands et déchargés à Bad-Schandau où ils sont provisoirement entreposés dans un local spécial. Deux ou trois fois par semaine, suivant les besoins, une équipe de la poste remplit un wagon pour Prossen.

Les wagons sont déchargés tous les jours même le dimanche et triés par séries de 1000 réparties entre 6 guichets. Le personnel inscrit sur ses registres : le numéro d’ordre, l’origine du colis, le nom/prénom/matricule du prisonnier en triple exemplaire. Le registre original et le premier double sont apportés au Service Destination pour coller les étiquettes des Kommandos sur les colis. Les adresses des prisonniers sont mises à jour d’après les bulletins de mutation de la Briefpost d’Hohnstein. Un contrôle général est effectué périodiquement pour rectifier les erreurs de mutation qui auraient pu se glisser dans les bulletins.

Les colis endommagés quant à eux sont remis au Service Réparation. Ils représentent 2% pour les colis en provenance de la zone occupée et 20% pour la zone non occupée. Cette grande différence s’explique par les nombreuses manipulations des colis, triés dans plusieurs centres français puis allemands, entassés dans des fourgons, déchargés à grande vitesse (3 à 4 minutes par wagons à Bad Schandau) puis encore plusieurs fois manipulés avant d’arriver à Prossen. La plupart des colis sont réparés sans perte, mais il manque des articles dans certains colis (perdus ou volés pendant le transport) suivant l’inventaire écrit présent dans les colis. Les conserves devaient être annotées avec le nom et le matricule des prisonniers au cas où elles s’échapperaient des colis[6]. Lorsqu’il manque un article, un mot est ajouté mentionnant la perte. Lorsque plusieurs colis sont mélangés et pour lesquels il manque un inventaire, il n’est pas possible de reconstituer l’envoi initial. Je me souviens avoir lu que de nouveaux colis étaient confectionnés à partir de ces-derniers.

Les colis sont ensuite rechargés dans des wagons et envoyés sur Dresde. Ils sont ensuite triés et acheminés par le personnel de la poste allemande. En 1942, le débit mensuel est de 33000 à 40000 colis français-belges + 5000 à 6000 colis polonais-yougoslaves-anglais. Les colis non dégradés ne stationnent jamais plus d’une semaine à Prossen même à Noël.

De nombreux vols sont notifiés comme ceux du Prisonnier DELUET qui ne reçoit pas l’intégralité de ses colis. On lui vole des choses au contrôle des colis[7] : « il se plaint depuis quelque temps que les colis qu’il reçoit sont ouvert et qu’il manque certaines choses à l’arrivée ; cela est dur pour nous qui faisons des privations pour améliorer sa vie d’exil et vois qu’il ne reçoit pas tout le contenu de ses colis ». D’autres vols ont lieu sur le parcours des colis, la valeur de leur contenu faisant l’objet de nombreuses convoitises. La SNCF recense plus de 70000 vols en 1941 dont la moitié concernent des denrées alimentaires[8] ! C’est pour cette raison que les colis sont traités exclusivement à Paris-La Chapelle et transportés en wagons plombés en privilégiant les wagons non mixtes (pour un seul Stalag). 

Ordre du Jour n°43 de la SNCF - 12 mars 1942 (Archives SNCF - 67LM1/44)

De nombreux prisonniers se plaignent de la lenteur du transport (jusqu’à 40 jours) et de l’irrégularité des distributions de colis comme à Hochkirch en novembre 1941[9].

En 1941, les prisonniers peuvent recevoir 3 colis de leur famille par mois : un de linge sans limite de poids et 2 de nourriture[10]

 Récépissé d'un colis de la SNCF pour Alfred RIALLAND (414LM20/1 - Arch. SNCF)

Provenance des colis

Les colis viennent d’horizons divers, principalement des familles mais également des Œuvres, Comités, Croix-Rouge, départementaux ou du gouvernement sous forme de colis individuels ou de colis collectifs. Voici un extrait du comité official n°59 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre en date du 11 juillet 1941. « Un certain contingent de denrées telles que : pain concentré, conserve de viande ou de poisson, sucre, chocolat, tabac et cigarettes, est mis chaque mois par le Gouvernement, selon les possibilités, à la disposition des Œuvres ou Comités s’occupant plus particulièrement de la confection des colis individuels, par l’intermédiaire, en zone libre de la Croix-Rouge et en zone occupée du Comité Central d’Assistance aux Prisonniers de Guerre. (...) Les familles désirant bénéficier des répartitions ainsi faites devront s’adresser, munies de l’étiquette-adresse réglementaire, à l’Œuvre de leur choix où elles trouveront obligatoirement affichés les prix de cession des denrées et les quantités maxima de ces denrées susceptibles d’être mises dans un colis (...) En vue d’améliorer les conditions de confection et d’expédition des colis, ceux-ci seront faits exclusivement par les soins de l’Œuvre, mais les familles sont libres d’apporter des denrées ou objets qu’elles désireraient voir adjoindre aux colis commandés par elles dans les limites des poids autorisés : 1kg pour paquet-poste, 5kg pour colis postaux ». On notera également des dons pour les Prisonniers les plus pauvres comme par exemple les prisonniers provençaux les plus démunis qui sont tirés au sort en 1942 pour recevoir un colis complémentaire. Des milliers de prisonniers provençaux des différents Stalags ont reçu ces colis dont au moins 26 bénéficiaires pour le Stalag IV A[11]. En 1943, la Mayenne enverra 10000 colis de Noël de 5 kilos (valant 1,5 millions de francs) aux Stalags IV‑A et XII‑A[12]. Les Prisonniers sans famille ou sans domicile pouvaient bénéficier aussi de colis[13] en passant au début de la captivité[14] par les Délégués Départementaux de la Croix-Rouge (pour la zone non-occupée) ou par l’Assistance aux Prisonniers de Guerre (pour la zone occupée) puis par la suite, par les Hommes de Confiance qui envoyait leurs étiquettes-colis auprès des Œuvres de Secours en France et à l’Etranger. Parfois, c’était leur employeur en France qui leur envoyait des colis : on notera l’exemple d’Adrien DEGRAVA sans famille qui recevait des colis des usines Renault[15], des agents des PTT qui peuvent envoyer leurs étiquettes-colis à Paris au Ministère des PTT[16], ou des prisonniers cheminots qui reçoivent des colis de la SNCF[17]. Pour ces-derniers, on notera par exemple que 33 colis ont été envoyés pour les 32 PG des ateliers de l'Ourcq à Pâques 1943 et 13 colis pour les 13 PG des ateliers de La Varenne. 

Vignette placée à l'intérieur des colis de Pâques des PG de la SNCF (414LM20/1 - Arch. SNCF)

Enfin des « colis-Pétain » seront distribués dans les Kommandos (Bischofswerda, Stetzöch‑Dresde, Pirna, Bretnig, Kommandos 121, 135, 137, 178, 405, 531, 719) voire même des colis américains comme à Niedersedlitz ou aux Kommandos 567 et 1065[18].

Les colis d’associations sont distribués par Pierre HUBY à Hohnstein, par Raymond LAPARRA (30284) l’Homme de Confiance du district de Löbau pour les Kommandos sous son autorité et par un officier allemand dans le reste des Kommandos du Stalag IV-A[19].

Quelques exemples de contenu de colis

  • Colis demandé en septembre 1940 par René RICHE : « Envoie-moi un pull-over (usagé), des chaussettes, du papier, de l’encre à stylo, des lames de rasoir, savonnettes, dentifrice ; des vocabulaires latin, grec, anglais, allemand ; une grammaire allemande ».
  • Colis reçu en janvier 1942 par Fernand DOUBLIN (12841/133) : 1 paquet de biscuit, des fromages, 1 flacon de sirop, 2 boîtes de pâté, 2 tablettes de chocolat, 1 boîte de confiture, 1 paquet de tabac, 1 pipe, des noix, 1 peigne et 1 savon[20].
  • Réception de 7,5 paquets de tabac à Bischofswerda et Wasechave
  • Colis de biscuits et viande en conserve à Pirna « Zahlmeisterei »
  • Colis de la Croix-Rouge contenant 1,2 kg de biscuits, 1 boîte de sardine pour deux, de la pâte de fruit, de la confiture et 70 cigarettes par prisonnier à Grossenhain.
  • Colis de la SNCF : contient une vingtaine d’articles : sucre, chocolat, biscuits, miel, tabac, cigarettes, lainage, chaussures ...
  • Colis de Pâques des Ateliers de la SNCF de Vaires : 1 kg de confiture, 1 boite de pâté à la viande, 20 biscuits, 20 Kub, 1/4 de chocolat, 1 jeu de dames ou 1 pipe, 2 paquets de cigarettes ou 1 paquet de tabac, 1 boîte de fromage de tête ou 1/2 boîte de confiture
  • Autres colis de Pâques de la SNCF : Casse-croute nantais, chocolat, sucre, sardines, pâtes alimentaires, pain d'épice, légumes déshydratés, confiture concrète, amandes, thon, savon, boisson au citron, café, 2 paquets de cigarettes et 1 paquet de tabac.
  • Autre colis de Noël SNCF : 1 boîte de boeuf en daube, 1 boîte de sardines, 1 boîte de thon, 6 boîtes "Amik" (chocolat au lait concentré), 2 paquets de 250g de biscuits secs, 100g de biscuits, 200g de potage en poudre et 5 barres de potage "Kub" (avec des variantes : potage Maggi, biscottes, bonbons, blédine, croquettes vitaminées ...)
  • Colis confectionnés par la Croix-Rouge et le C.R.E : 750g de pain de guerre, 500g de sucre, 250g de chocolat, 1 fromage, 500g de confiture, 1 paquet de casse-croûte, 1 paquet de bonbons, 1 paquet de tabac, 2 paquets de cigarettes, 5 boîtes "Amik", 6 barres de "Kub", 200g de potage de Hongrie.
  • Colis du Comité National de Solidarité des cheminots du juillet 1943 : 4 grosses boîtes de sardines à l'huile, 4 grosses boîtes de thon à l'huile, 2 boîtes de boeuf aux carottes, 300g de haricots secs, 500g de pois cassés et 2 harengs salés / et à Noël : 500g de pain concentré, 500g de sucre, 500g de chocolat, 500g de pâtes, 250g de pain d'épice, 400g de confiture, 500g de légumes secs, 500g de conserves, 350g de maquereau, un savon de ménage, du café, des légumes déshydratés, 2 paquets de cigarettes et 1 paquet de tabac : valeur 125 francs.
  • Alfred RIALLAND (53304) demande un colis contenant une veste de laine et une paire de chaussettes à la SNCF.

Préparation des colis de la SNCF dans les locaux de Paris-La Chapelle


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Petite liste de PG responsables des services postaux :
  • AUGRAND*
  • Jean AUNEAU*
  • René BARBIER (Prossen, - Colis)
  • Roger BARDOUIL (Hohnstein - Courrier)
  • Paul BOIN, Homme de Confiance de la poste des colis en 1944
  • Louis BONNETAIN (Hohnstein - Courrier)
  • Marcel BOURQUIN (Prossen, - Colis)
  • Pierre BRICHAUX (Prossen, - Colis)
  • Pierre BRUNET (Prossen, - Colis)
  • Charles CAZAUX, Surveillant de la poste des courriers
  • Henri CHAUSSIS (Prossen, - Colis)
  • Raoul COLOMBINI*
  • Roger COMMAILLAC*
  • DESSANG*
  • Robert DROUILLY*
  • DUFOUR*
  • Paul FAURE, Chef Postier de la poste des courriers et correspondant officiel des postiers du Stalag IV-A (jusqu'en 1943)
  • Emmanuel GIRARD (Hohnstein - Courrier) 
  • Roger HELLE*
  • Georges LAVIE dit "Jojo", Correspondant officiel des postiers du Stalag IV-A (à partir de 1943)
  • LAMBERT*
  • Albert LARCHER*
  • Albert LE REVEREND*
  • Emile LOMBARDY*
  • Marcel MALLET*
  • Henri MARTIN, Homme de Confiance de la poste des colis jusqu'en 1942
  • MASSON*
  • C. NETTER*
  • PERRETIERE*
  • André QUEMA*
  • Marcel SINANT*
  • Albert TONNEAU*
  • VASSEUR*
  • VILLANTI (Hohnstein - Courrier)
  • VIVEREUX (Hohnstein - Courrier)
* PG de Prossen qui peuvent être chargés des colis ou travaillant au Kommando voisin

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Si vous connaissez des personnes mentionnées dans ce texte
Si vous connaissez des personnes qui ont été internées au Stalag IV A
N'hésitez pas à laisser un commentaire avec les détails connus :
NOM, Prénom, Matricule, Stalags, Kommandos, activités ...
ou me laisser un message sur ma messagerie : stalag4a@gmail.com 

Merci de votre visite !


[1] « Le Moineau » n°3, 15 août 1941.

[2] « Le Moineau » n°4, 1er septembre 1941.

[3] « Le Moineau » n°4, 1er septembre 1941.

[4] « Le Moineau » n°22, 1er juillet 1942 et n°24, 1er août 1942

[5] « Le Figaro », 20 mai 1942 (Retronews)

[6] « Le Moineau » n°10, décembre 1941

[7] F/9/2349 (AN)

[8] 0025LM0240 (Archives historiques de la SNCF)

[9] F/9/2711 (AN)

[10] Le Journal du 4 novembre 1941 (Retronews)

[11] Raoul DUPOUY (962), Auguste POMIE (1807), Mar. GAUTIER (6784), Joseph CHARRO (12793), Joseph BOY (13549), Gustave FUSTIER (15225), Maurice BRACHET (15356), Henri PELEPOL (18442), Marius MARTIN (22356), Jean BARDY (23098), Mathieu KOZMAN (23453), Robert SCHEDELBAUER (25903), Alfred PUNA (27988), Léon ROMAN (28110), Maurice NIVARD (29456), Armand COLAZZINA (29511),  SOULAGES (31185), Henri SAMONI (34071), Louis COSTE (34446), Maurice MAZET (34715), Clément JOUVAL (35559), Joseph TOGNETTI (47094), Henri SCHIROLI (48557), Marcel DUVAUD (64232), André BARTHELEMY (34111)

[12] « Le Progrès de la Côte-d’Or », 22 novembre 1943

[13] « Le Moineau » n°6, octobre 1941

[14] « Le Moineau » n°10, décembre 1941

[15] F-9-2567 (AN)

[16] « Le Moineau » n°13

[17] Article des Archives Historiques de la SNCF + document 414LM20/1

[18] F/9/2913 (AN)

[19] Il semble avoir été demandé après mai 1942, que tous les autres districts fonctionnent comme celui de Löbau

[20] Photo publiée sur Internet et consultée en mars 2020

Article rédigé en janvier 2022 par Kévin MURET

lundi 15 mars 2021

L'acheminement des colis en Allemagne

Chaque prisonnier recevait environ un colis par mois de leur famille, de leur employeur, de la Croix-Rouge ou encore de l'Etat. Chaque colis pouvait peser jusqu'à 5kg. On y trouvait divers produits que je détaillerais dans un autre post.

La gare de Paris - La Chapelle représentait le plus grand pôle de tri de ces colis en zone occupée. Les deux grandes halles qui la composaient ont été détruites lors d'un bombardement à la Libération.

Voici une petite vidéo détaillant une photo de cette gare :

- Lien de la vidéo -

dimanche 29 mars 2020

Guy RAPP et le Castel-Théâtre (2/3)

Déménagement des services administratifs du Stalag IV A (1941)

En février 1941, les services administratifs du Stalag IV A sont transférés dans le château d’Hohnstein. La troupe qui à Elsterhorst pouvait divertir jusqu’à 16.000 prisonniers se retrouve dans un château de 200-400 prisonniers sans plus de public... Les milliers de prisonniers d’Elsterhorst sont répartis dans les Kommandos du Stalag IV A ou transférés dans d’autres Stalags. Dans l’optique de divertir les prisonniers de la région, et sous le contrôle des allemands, la troupe de théâtre va entamer une tournée des Kommandos chaque samedi et dimanche matin. Le « Stalagtite » prendra un nom plus adapté à leur nouvelle résidence : « Le Castel‑Théâtre ». L’Oflag IV D d’Elsterhorst continuera à aider financièrement la troupe.
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La 1ère tournée (février 1941 – juin 1941)

Durant le premier mois de captivité à Hohnstein, Guy RAPP, Georges FAGOT et les acteurs/musiciens professionnels et amateurs vont préparer un spectacle qui sera leur 1ère tournée des Kommandos. Les représentations se feront du 23 février à juin 1941 : 35 représentations devant 18.000 prisonniers[1]. Les allemands mettront à disposition de la troupe, un camion qui leur permet de transporter une petite scène démontable, les décors, les costumes et leurs instruments.

Direction les Kommandos - Dessin de SCHAEFFER - Colorisé par moi-même

A la présentation du spectacle, le directeur de la troupe Guy RAPP anime les différents tableaux qui s’enchaînent sur la scène. L’Orchestre dirigé par THOUVENEL amorce le spectacle avant la parodie des Folies Bergères parisiennes où se produisent les célèbres « girls » nues. Ici, pas de femme, mais des hommes travestis pour l’occasion appelés les « Ersatz’Girls » des Folies Castel avec la Bluette jouée par Louis GERMAINE, Idylle jouée par JEANNOT et la danseuse jouée par Raymond SOUQUIERE. Georges FAGOT poursuit le spectacle avec ses chansons sur les prisonniers[2] suivi par Georges GOODLAD et ses chansons de charmes. Pour faire rire les prisonniers, CAMBOU enchaîne un spectacle comique et Guy RAPP, Jean-Roger CAUSSIMON et Jeannot font des sketches comiques. Le « Stalag’Circus » prend place avec deux acrobates des grands cirques européens surnommés Arthénis et Léoncis et les deux clowns qui se produisaient déjà au Frontstalag 133 de Rennes, Mimile (Charles DEKUYPERE) et Nénesse. Pierre FALK de la Gaité-Lyrique de Paris et Francisque CHEVALLIER du Théâtre National de l’Opéra se lancent ensuite dans des élans lyriques. Enfin, la pièce de théâtre en 3 actes Parodie de Faust imaginée par Georges FAGOT et Jean-Roger CAUSSIMON en novembre 1940 à Elsterhorst est jouée par Raymond SOUQUIERE dans le rôle principal de Faust, CAMBOU dans celui de Siebel, Jean-Roger CAUSSIMON dans celui de Méphisto, Pierre FALK dans celui de Valentin et Georges FAGOT dans celui de Marguerite[3]. Tous les costumes et accessoires ont été confectionnés par OSTROUSKY, Jean MARTIN et QUEMA de grandes Maisons parisiennes. Les menuiseries ont été produites par BOUSQUET et RAYNAUD et Henri SCHAEFFER, sociétaire et médaillé des « Artistes Français » a peint le rideau, les décors et illustré le programme.

Le Castel-Théâtre jouera également quelques représentations à la forteresse de Königstein vers juillet 1941 devant les officiers où de nombreuses photos seront prises et publiées dans un journal (entre le 15 et le 23 août 1941 – je lance un appel si quelqu’un retrouvait de quel journal il s’agit ?). J. GIOT y prendra la direction de l’Orchestre, THOUVENEL semble avoir été rapatrié[4].

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Tous les tableaux sont accompagnés par l’Orchestre dont voici la liste des artistes :

  • THOUVENEL, premier violon et chef d’orchestre
  • LION, professeur de musique, premier violon
  • BETTON, deuxième violon
  • André BAUCHY, saxophoniste (de l’orchestre du Normandie)
  • BEAUCHET, saxophoniste (du Lido) et ténor
  • JOLLIVET, saxophoniste amateur
  • J. GIOT, trompettiste (Prix du Conservatoire de Paris)
  • di BERNARDO, guitariste
  • COUSSEAU, joueur de banjo
  • LEVESQUE, accordéoniste
  • René JHECK à la batterie
  • Lucien GRAU-MONTMANY, pianiste (du Conservatoire de Paris)
  • ANTOINE, compositeur, reconstituera des partitions pour les artistes
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La 2ème tournée (juillet 1941 – décembre 1941)

A partir de juillet 1941, une 2ème tournée sera mise en scène. La Croix-Rouge Française mettra à disposition du Castel-Théâtre, un camion pour la tournée qui remplace le camion prêté par les Allemands. Cette tournée totalisera 40 représentations devant 20.000 prisonniers et 4 représentations exceptionnelles devant les généraux et amiraux français de Königstein[5].

Dessin de SCHAEFFER d'une "Girls" découvrant le rideau sur Hohnstein

Le spectacle a été monté par Guy RAPP. Il quittera Hohnstein à la fin de l’année et sera rapatrié en France laissant les rênes du Castel-Théâtre à Jean-Roger CAUSSIMON. Le programme complet de cette tournée ne m’est pas connu mais Raymond SOUQUIERES y jouait encore dans la majorité des tableaux : dans « Pan dans les ans » une revue de Georges FAGOT et Jean-Roger CAUSSIMON, dans le Ballet des Heures (une « girls »), dans la pièce Cornélie où il avait le rôle principal, puis jouait la Ninon du moyen-âge, un coq et dans la scène finale du spectacle appelée « La Classe ». Il aime jouer et le dit « Le travail c’est la Liberté »[6] ! Ils joueront également "L'Oeil qui Goûte" et "Le Temps Moderne".

De gauche à droite : Georges FAGOT (Lidya), Jean-Roger CAUSSIMON (Pomfonius), CAMBOU (Scipion), Guy RAPP (Horace), Raymond SOUQUIERE (Cornélie), JEANNOT (César). Merci à M. Bourguer pour cette superbe photo.
 

La 3ème tournée (mai 1942 – octobre 1942)

Après une pause de quelques mois, la troupe du Castel-Théâtre reprend du service pour une 3ème tournée qui devait s’étaler de mai à décembre 1942. Une panne du camion de la Croix‑Rouge écourte la tournée en octobre 1942. Pour autant, les artistes ont enchaîné 29 représentations devant 15.000 prisonniers[7].

Illustration d'André HERISSON pour la 3ème tournée

La direction artistique est toujours menée par Jean-Roger CAUSSIMON et la direction administrative du Castel-Théâtre revient à Raymond SOUQUIERE. Jean-Roger CAUSSIMON présente le premier tableau musical intitulé « En Flânant sur le Vieux-Port » suivi par le traditionnel spectacle acrobatique et comique avec Emilios et Arthénis dit « Les Emilios » de Bobino et Di BERNARDO. André JOLY poursuit le spectacle par quelques chants fantaisistes et Mimile et Nénesse font les clowns. Une pièce lyrique du « Carmen » de Bizet est ensuite jouée par Pierre FALK (Escamillio), BALCON (Don José), Raymond SOUQUIERE (Carmen), Jean LAPORTE dit Jeannot, André GUERET, Pierre LABEZAN, André JOLY, Paul MATHOU, André BAUBIER, Francisque CHEVALLIER et autres. L’entracte musical ouvre sur une comédie « A Louer Meublé » de Gabriel d’Hervillez et jouée par Jean LAPORTE (Jojo), Raymond BOUSQUET (Dédé), André GUERET (Prentout), Pierre LABEZAN (Hortense) et Jean-Roger CAUSSIMON (Tuboeuf). Enfin, Antoine GILIS prend la direction de l’Orchestre pour un spectacle de Jazz. 

Les décors ont été fait par André HERISSON qui a remplacé SCHAEFFER ; les costumes par Roger HOLDERBACH, MARTINEAU et BAUDET ; les perruques par CASTANIE. La régie et la machinerie ont été dirigé par Jeannot et Raymond BOUSQUET[8].

A la fin de la tournée, ils jouent au Palais des Expositions de Dresde devant 1300 prisonniers français et belges la comédie « Les Romanesques » d’Edmond ROSTAND[9]et d’autres pièces à d’autres occasions particulières de Molière, Courteline, Jules ROMAINS, Marcel PAGNOL, Jean SARMANT ou encore Armand SALACROU. Ce-dernier recevra une missive de Jean-Roger CAUSSIMON qui lui rapporta ses choix artistiques et la mise en scène de sa récente pièce « La Marguerite »[10] : « Je pense que cela vous amusera d’apprendre que La Marguerite a été créée dans un camp de prisonniers au Stalag IV A. Que je vous rassure... Pas mal de théâtres de prisonniers montent des ouvrages très difficiles avec une inconscience devant laquelle on ne sait s’il faut réagir avec des reproches ou beaucoup d’indulgence. J’ai 24 ans, le prix de comédie du Conservatoire de Bordeaux, trois ans de troupe en cette ville et le bénéfice des conseils qu’à Paris, avant la guerre, me donnèrent Jouvet et Marchat. J’ai ici, deux, trois copains qui travaillent dur avec moi. Nous avons consacré à La Marguerite, La Margot comme nous l’appelions familièrement, deux mois et demi de travail quotidien. J’ai 1 m. 84 (compositions) et je n’aurais qu’un regret s’il me fallait mourir ce soir ou demain, qu’un seul... en pensant au Théâtre... Je vous dis tout cela pour que vous ne pensiez pas : « Ils sont bien gentils...mais comme ils ont dû la maltraiter ». Donc le mercredi 16 septembre 42, en présence du capitaine De Lachapelle, La Marguerite a été extrêmement écoutée et votre nom longuement applaudi lorsque j’eux prononcé la phrase rituelle... Je n’ai pas suivi à la lettre vos indications. J’ai placé l’escalier au fond. Il mène à la chambre du Vieux ; tourne à angle droit. Ai-je eu tort ? ... Eclairage par lampe jaune sur la table et diffuseur blanc. Ombres mouvantes sur décor gris. Sensation perçue par le public : oppression croissante. A l’acte de foi de Marguerite, émotion salvatrice... Mon camarade Jeannot LAPORTE, découverte de Guy RAPP qui fut longtemps des nôtres, jouait le docteur. Paul MATHOU un gars des Charentes à la voix grave était l’Homme. J’ai joué de tout mon cœur, de toutes mes forces, le Vieux. ».

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Anecdote : l’une des représentations a été enregistrée pour une diffusion en France à Radio-Paris avec Jean-Roger CAUSSIMON comme acteur principal. Le Docteur Jean CAUSSIMON, père de l’acteur prisonnier, entendra cette retransmission du spectacle avec beaucoup d’émotions[11].

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Tous les tableaux sont accompagnés par l’Orchestre dont voici la liste des artistes[12] :

  • André RELIN, trompettiste et chef d’orchestre (1er Prix du Conservatoire de Paris)
  • NETTER, violoniste (1er Prix du Conservatoire de Paris)
  • Emile LOMBARDY, violoniste (1er Prix de Conservatoire)
  • BETTON, violoniste (du Cercle Symphonique de Paris)
  • BARBOTEAU, violoniste (de l’Orchestre Fourestier)
  • Antoine GILIS, violoncelliste (1er Prix du Conservatoire de Liège), dirige les morceaux de Jazz
  • MARCHAND, contrebassiste (1er Prix de Conservatoire)
  • André BAUCHY, saxophoniste
  • BAUCHET, saxophoniste
  • JOLIVET, saxophoniste
  • Jean WUIBAUX, tromboniste (1er Prix du Conservatoire de Lille)
  • Di BERNARDO, guitariste
  • René JHECK, batteur (1er Prix International de Belgique d’accordéon)
  • Lucien GRAU-MONTMANY, pianiste


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[1] L’Âme des Camps, NAF 17281 (BNF)
[2] Il a écrit de nombreuses chansons en septembre 1940 à Elsterhorst dont « On mang’ des pommes de terre / kartoffein », « On nous a fait prisonniers » ou « Sans nouvelles »
[3] Programme de 1941 de la Tournée du Castel-Théâtre (Internet)
[4] Comoedia du 23 aout 1941 (RetroNews)
[5] L’Âme des Camps NAF 17281 (BNF)
[6] Le Moineau n°5
[7] L’Âme des Camps, NAF 17281 (BNF)
[8] Programme de 1942 de la Tournée du Castel-Théâtre
[9] Comoedia du 10 octobre 1942
[10] Le Figaro du 28 octobre 1942 (RetroNews)
[11] La Petite Gironde du 18 aout 1942 (BNF)
[12] Programme de 1942 de la Tournée du Castel-Théâtre

Article rédigé en marc 2020 par Kévin MURET